MOOC - La résurgence de la communauté dans l'apprentissage en ligne
Texte de ma conférence a Edmunston - pour plus, svp voir http://www.downes.ca/presentation/317
Dans cette
présentation, Stephen Downes aborde la question à savoir comment les MOOC
(massive open online courses) influenceront l'avenir de la formation à distance.
La présentation examine de façon détaillée la nature et l'objectif des MOOC
comparativement à l'enseignement traditionnel à distance. Il soutient que les
MOOC représentent la résurgence de l'apprentissage communautaire et décrira
comment les institutions d'éducation à distance partageront les MOOC entre
elles et renforceront les interactions en ligne grâce à des services et des
ressources communautaires. Le phénomène des MOOC dits « wrapped » sera décrit et M. Downes présentera
plusieurs exemples de soutien local pour les MOOC mondiaux. Les implications
pour l'univers de l'enseignement à
distance de langue française seront considérées et M. Downes proposera des
stratégies et des exemples de l'utilisation des MOOC pour promouvoir la
diversité linguistique.
Qu'est-ce qu'un MOOC?
Merci, je
suis ravi d'être parmi vous aujourd'hui.
Mon
objectif, dans le cadre de cette présentation, est d'examiner comment les MOOC,
ou les cours en ligne ouverts et massifs, influenceront l'avenir de la
formation à distance et, en particulier, des stratégies et des exemples de
l'utilisation des MOOC pour promouvoir la diversité linguistique et culturelle.
[slide 1 – MOOC Wordle]
Je
soutiendrai que les MOOC nous offrent une nouvelle façon de comprendre
l'apprentissage et, par conséquent, une nouvelle façon de comprendre certains
types d'apprentissage, comme c'est le cas, par exemple, de l'apprentissage qui
appuie la diversité linguistique et culturelle.
En clair,
mon expertise se situe dans le domaine de l'apprentissage ouvert en ligne et
non dans le domaine de la diversité linguistique et culturelle. Par conséquent,
mon discours ne peut que mener la discussion jusqu'à un certain point. J'espère
offrir un point de départ pour cette discussion.
De plus, je
tiens à préciser que lorsque je parle de MOOC, je parle d'un différent type
d'apprentissage. La plupart d'entre vous êtes déjà familiers avec le cours en
ligne traditionnel, qui est basé sur la présentation de contenu et d'information,
et basé sur un curriculum précis à retenir.
En outre,
ce que vous avez lu au sujet des MOOC, les cours en ligne offerts par les
universités américaines comme Harvard, Stanford et MIT, ces MOOC sont également
des exemples d'apprentissage traditionnel en ligne, avec un contenu et un curriculum.
Mon
interprétation du terme « MOOC » est un peu différente; elle est dérivée d'une théorie
d'apprentissage basée sur l'engagement et l'interaction au sein d'une
communauté de praticiens, sans résultats prédéterminés ni de base de
connaissances que nous pouvons simplement « transférée » à l'apprenant.
De plus,
mon interprétation du terme « MOOC » repose sur cinq ans
d'expérience à concevoir et à offrir des MOOC, du tout premier MOOC, le « CCK08 », que j'ai créé avec George
Siemens en 2008, et offert quatre fois au cours des années suivantes, aux MOOC
en environnements d'apprentissage personnels, en littéracie critique, et plus
encore.
J'expliquerai
d'abord de ce que j'entends par MOOC et j'élaborerai davantage sur la pédagogie
d'un MOOC. Je parlerai ensuite des résultats d'un MOOC et de l'objectif
d'offrir ou de suivre un MOOC. Puis, j'aborderai le lien entre le MOOC et la
communauté, pour finalement faire quelques observations et offrir quelques
exemples pour démontrer comment les MOOC
peuvent promouvoir la diversité linguistique et culturelle.
[slide 2 –
MOOC]
Permettez-moi
donc de commencer par la définition. L'acronyme MOOC, comme nous le savons,
signifie « Massive Open Online Course ». Ce qui nous donne quatre termes : « massive » (massif), « open » (ouvert), « online » (en ligne) et « course » (cours).
De nombreux
efforts ont été déployés récemment pour définir chacun de ces termes, donnant
parfois lieu à une interprétation contraire à l'interprétation commune du terme.
Pour certaines personnes, un MOOC peut être perçu comme petit, fermé et hors
ligne.
À mon avis,
la définition d'un MOOC devrait être relativement stricte, ne serait-ce que
pour distinguer un MOOC des autres formes d'apprentissage en ligne qui ont
existé avant et depuis et, de ce fait, identifier les aspects de la qualité
propres aux MOOC. Selon moi, un MOOC est donc défini en fonction des quatre
dimensions suivantes :
[slide 3 –
massive]
Massive (ou massif) - je ne parle pas nécessairement
ici du succès du MOOC à attirer beaucoup de personnes, mais des éléments de la
conception qui permettent d'offrir une éducation à plusieurs personnes. Nous ne
devons pas perdre de vue que l'éducation est bien plus que la présentation de
contenu, et bien plus que l'appui de l'interaction, sinon le cinéma et le
système téléphonique sont, respectivement, des MOOC.
Ma propre
théorie de l'éducation est minimaliste. Tellement qu'on ne peut guère la
qualifier de théorie, et ce n'est certes pas la mienne : « enseigner c'est modéliser et
démontrer; apprendre, c'est pratiquer et réfléchir. »
Par
conséquent, il nous faut un environnement qui soutienne au moins ces quatre
éléments à grande échelle. En pratique, cela désigne un système conçu pour
prévenir la création de goulots d'étranglement dans l'un ou l'autre des quatre
attributs : le modelage, la démonstration, la pratique et la réflexion.
Pour illustrer
simplement, un élément important de la réflexion est la capacité à performer,
pour ensuite discuter de la performance avec d'autres. Si chaque personne doit
performer et discuter de sa performance avec une personne en particulier, comme
un enseignant, un goulot d'étranglement est alors créé, puisqu'il n'y a pas
suffisamment de temps pour permettre à un grand nombre de personnes de
performer.
De même, si
chaque performance et chaque discussion impliquent toute la classe, le même
genre de goulot d'étranglement est créé. Par conséquent, pour qu'un cours soit
massif, la performance et la réflexion doivent être conçues de sorte que seules
quelques personnes puissent voir toutes les performances.
Vous vous
demandez sans doute quelle est la nécessité d’un cours massif? En effet, cela
semble aller à l'encontre de ce que nous savons au sujet de l'enseignement et
de l'apprentissage, où nous souhaitons des classes plus petites et l'attention
personnelle de l'instructeur. Et cela est tout à fait vrai, si nous
interprétons le terme « massif » au sens de « média de masse » ou « cours de masse ». Ces derniers deviennent inefficaces puisqu'ils
deviennent impersonnels.
Mais,
parallèlement, si nous comptons sur le tutorat individuel pour propager et
promouvoir une culture quelconque, qu'il s'agisse de la culture des physiciens
ou la culture des francophones, nous constaterons que les progrès réalisés dans
la promotion de cette culture sont lents et coûteux.
Ce que nous
tentons de reproduire à grande échelle dans un MOOC n'est pas la prestation de
l'enseignement, ni la gestion des ressources d'apprentissage. Nous tentons de simuler,
à grande échelle, les interactions individuelles et personnelles à petite
échelle. C'est cette interaction qui est la plus importante, mais ce qui est également
tout aussi important, pour qu'un cours soit véritablement massif, il doit
permettre, et même encourager, des
centaines ou même des milliers de ces petites interactions interpersonnelles.
[slide 4 –
open]
Open (ouvert) –J'ai eu de nombreux arguments avec
des gens au fil des ans concernant la signification du terme « ouvert ». À mon avis, dans la
plupart de ces arguments, mon interlocuteur tentait de définir le terme « ouvert » pour lui donner le même
sens que « fermé ».
Il existe
différents sens du mot « ouvert » en éducation. Le mot « open » est un seul mot en anglais qui
corresponde à trois mots différents en français :
Premièrement,
il y a « open » dans le sens d' « ouvert ». Il prend le sens d'
« admissions
ouvertes » en éducation, pour lesquelles il n'existe aucun obstacle au niveau
académique pour être admis à un cours.
Deuxièmement,
il y a « open » dans le sens de gratuit.
Il prend ici le sens d' « accès gratuit », où aucun droit de scolarité, frais, ou frais d'abonnement
n’est exigé pour avoir accès à une ressource.
Troisièmement,
il y a « open » dans le sens de libre.
Il prend ici le sens de « ressource éducative libre », où une ressource à laquelle on a accès
peut être réutilisée à volonté, sans restriction.
Pour ma
part, la signification du mot « ouvert » fait plutôt référence à l'accès à une ressource, plutôt que de
faire référence à ce qu'on peut faire avec une ressource. Par exemple, la
définition de « logiciel libre » ou de « logiciel ouvert » présume que le logiciel est déjà en votre possession,
et définit les façons dont vous pouvez l'inspecter, l'exploiter et le
distribuer, sans restriction.
Toutefois,
cette définition est dénudée de sens pour une personne qui, pour une raison
quelconque, ne peut accéder au logiciel. Les interprétations les plus courantes
et les plus répandues des termes « libre » et « ouvert » sont plus larges et plus
permissives en ce qui concerne l'accès et plus restrictives en ce qui concerne
l'imposition d'obstacles.
En
particulier, une chose (une ressource, un cours, une éducation) est libre et
ouverte si, et seulement si :
- il est
possible de lire, exécuter, utiliser ou transmettre la ressource sans coût ni
obligation. Cela comprend non seulement les droits directs d'adhésion, mais
également l'inclusion, par exemple le groupement de ressources « gratuites » de sorte à ce que seuls
ceux qui paient les droits d'adhésion peuvent y accéder
- il existe
des moyens raisonnables de partager ou de réutiliser la ressource, et particulièrement
de traduire ou de changer le format de la ressource (mais pas nécessairement
d'être en mesure de vendre ou de modifier la ressource)
Cela dit, lorsque
George Siemens et moi avons discuté de l'élaboration des MOOC en 2008, nous
étions conscients et avions indiqué que nous étions impliqués dans la
progression d'un accès de plus en plus ouvert aux aspects de l'éducation :
• premièrement, l'accès ouvert aux
ressources éducatives, comme les textes, les guides ou autres documents
• ensuite, l'accès ouvert au programme
éducatif, y compris le contenu du cours et la conception de l'apprentissage
• troisièmement, l'accès ouvert aux
critères de succès, ou aux rubriques (qui pourraient ensuite être utilisés par
nous-mêmes ou par d'autres afin de procéder à des évaluations)
• quatrièmement, des évaluations
ouvertes (nous n'étions pas en mesure de les offrir dans nos premiers cours)
• cinquièmement, des titres de
compétences ouverts
Par le
terme « ouvert », nous visions à inclure les aspects de l'accès et du partage;
ce qui signifie en pratique que nous nous attendions à ce que les participants
aux cours utilisent non seulement les ressources, le programme éducatif, etc.,
mais également qu'ils soient impliqués dans l'élaboration de ces cours.
Ainsi, par
exemple, avant d'offrir le CCK08, nous avons inclus l'horaire et le programme
éducatif du cours sur un wiki, où il pouvait être modifié par ceux qui étaient
intéressés par le cours (une stratégie adaptée de l'organisation de conférences
« Bar Camp » et
du modèle EduCamp utilisé par Nancy White et Diego Leal).
Il est
intéressant de créer un parallèle entre notre interprétation du terme « ouvert » et le « modèle logique » élaboré par James
C. Taylor, et éventuellement adopté par OERu, qui préservait l'ouverture des
ressources et des cours, mais qui maintenait un accès fermé aux évaluations et
aux titres de compétences.
À mon avis,
de tels cours ne sont pas des « cours ouverts » puisqu'une partie importante du cours est entravée par
des droits de scolarité qui représentent un obstacle. Le même commentaire
pourrait s’appliquer aux cours « gratuits » qui nécessitent l'achat d'un manuel obligatoire. Le simple
fait qu'une partie d'un cours est « gratuite » ou « ouverte » ne signifie pas que le
cours en entier est « gratuit » ou « ouvert », et ce serait de la fausse
représentation de prétendre qu'il le soit.
Pourquoi
offrons-nous des cours ouverts? Percevez un cours comme une langue. Si une
langue est fermée, elle s'éteint. Pour permettre aux gens de réellement
participer à la culture d'une discipline, qu'il s'agisse de physique, de chimie
ou de science politique, le contenu et le matériel de la discipline doivent
être ouverts.
Le danger
existe qu'un groupe culturel ou linguistique se repliera sur lui-même devant un
tel risque. J'examine, par exemple, la publication dans des collectivités comme
la Finlande et la Suède, et je constate que l'accès ouvert est très limité,
puisque les éditeurs supposent que les Suédois et les Finlandais n'ont aucun
autre recours. Ce qui est faux, comme nous le savons, car ils ont accès au
contenu ouvert en ligne en langue anglaise.
[slide 5 –
online]
Online (en ligne) – J'ai récemment constaté le
phénomène des MOOC appelés « wrapped » en anglais, qui postulent l'utilisation d'un MOOC dans le
contexte d'un cours traditionnel géodépendant; le matériel offert par le MOOC
est donc dit « wrapped » avec les attributs d'une éducation plus traditionnelle. Ce
genre d'approche envers les MOOC les considère plus comme des manuels modernes,
plutôt que des cours en tant que tels.
Mais dans
la mesure où ces MOOC « wrapped » sont des cours, ils ne sont plus offerts en ligne, et dans la
mesure où ils le sont, ils ne sont plus des cours. Par conséquent, peu importe
ce qu'est un MOOC « wrapped », ce n'est pas un MOOC. Il
s'agit (au mieux) d'un ensemble de ressources identifiées de façon trompeuse
comme étant un « MOOC », puis offert (ou plus fréquemment vendu) comme complément aux
cours traditionnels.
Pour qu'un « MOOC » soit « en ligne » (et je choisis mes mots
avec précaution), aucun élément obligatoire du cours n'est tenu d’occuper un
emplacement physique déterminé.
Les « MOOC « wrapped » ne sont pas des MOOC
puisque vous ne pouvez assister à un « MOOC wrapped » sans assister au cours en
personne. Certains aspects du MOOC seront réservés spécialement aux personnes
qui ont (habituellement) payé les droits de scolarité, qui sont des résidents
d'un collège ou d'une université et qui se trouvent physiquement sur les lieux
d’un collège ou d’une université, dans un campus désigné et au moment opportun.
Le fait
d'être en ligne est ce qui permet à ces cours d'être à la fois massifs et
ouverts, alors qu'en étant offerts à un endroit spécifique, ils deviennent
petits et fermés.
Toutefois,
cela ne signifie pas que les MOOC ne peuvent inclure ou permettre des éléments
d'interaction ou des activités du monde réel. En fait, la meilleure utilisation
d'un MOOC implique certaines
activités hors ligne dans le monde réel.
Par exemple,
notre MOOC d'origine, le CCK08, recommandait, mais n'exigeait pas des
rencontres en personne, qui étaient tenues à divers endroits dans le monde. Des
MOOC comme le ds106 demandent qu'une personne sorte à l'extérieur prendre des
photos (par exemple).
Dans tout
cours en ligne, il y aura une dimension réelle; ce qui en fait un cours « en ligne » est qu'il ne spécifie
pas une dimension réelle particulière. J'en discuterai davantage dans quelques
minutes.
[slide 6 –
course]
Course (cours) – avant le lancement de notre premier MOOC,
George Siemens et moi étions impliqués dans diverses activités liées à
l'apprentissage en ligne gratuit et ouvert.
George, par
exemple, avait organisé une conférence en ligne très réussie sur le
connectivisme l'année précédente. Entre-temps, j'offrais mon service de
bulletins d'informations à la communauté de la technologie éducative depuis
2001. Chacune de ces activités était, à sa façon, ouverte et en ligne, mais il
ne s'agissait pas d’un cours.
Il existe
visiblement un rapprochement entre un « cours », une « conférence » et une « communauté » et les gens ont depuis
suggéré qu'il pourrait (ou devrait) y avoir des communautés de pratique en
ligne ouvertes et massives et, bien sûr, ce serait possible – mais sans être
des MOOC.
Il existe
également un certain chevauchement entre le concept de « cours » et la « trousse du cours », comme par
exemple, les trousses de cours d'auto-apprentissage en ligne adaptées au rythme
de chacun, d'abord distribuées sur papier (et avec des bandes sonores) par les
institutions d'éducation à distance. Dans ce cas, le chevauchement est si
important qu'ils sont appelés de façon trompeuse « cours » plutôt que « trousses de cours ».
Je tiens à
préciser que je suis très favorable à l'idée des communautés en ligne ouvertes
et massives et que je suis également favorable à l'utilisation des trousses de
cours. Toutefois, le MOOC est une entité différente, avec ses propres
propriétés et son rôle dans l'environnement. Un cours est toutefois un
événement. Une trousse de cours n'est pas un événement.
Et plus
précisément :
• un cours est limité par une date de
début et une date de fin
• un cours doit adhérer à un certain
domaine de discours ou thème commun
• un cours est une progression
d'événements ordonnés liés à ce domaine
Pourquoi insister
sur ces points? À part, bien entendu, l'observation pédante que si vous appelez
quelque chose un « cours », qu'elle devrait avoir les propriétés d'un cours?
Ma propre
observation est que la création d'événements temporaires et limités permet un
engagement entre des communautés qui ne seraient normalement pas associées les
unes aux autres. Les cours sont une façon, si je peux dire, de remuer les
choses. En créant un événement limité indépendant, nous réduisons les obstacles
à la participation – vous ne signez pas un engagement à vie – améliorant ainsi
l'accessibilité.
Dans un
sens, la même raison pour laquelle nous organisons l'apprentissage en cours est
la raison pour laquelle nous organisons le texte dans des manuels. Bien sûr, « lire » est pratique et captivant,
et largement recommandé, mais « lire un livre » est défini et contenu. Une personne peut s'engager
à « lire un livre » plus facilement
qu'à « lire », particulièrement si par « lire » on entend quelque chose qui
n'a pas de fin.
Par
conséquent, l'apprentissage en ligne ouvert et massif qui n'est pas limité, ne
s'articule pas autour d'un sujet et n'est pas une progression d'événements
ordonnés, n'est pas un cours, et externe au domaine de discours.
Pédagogie d'un MOOC
[slide 7 –
pedagogy]
La façon
dont nous élaborons un cours vise à définir un cours de six ou douze (ou même
trente) semaines portant sur des exposés, chacun sur un sujet différent, qui
évoluent vers un domaine d'enquête. Nous avons également organisé des
séminaires, dont beaucoup étaient animés par des experts invités.
Mais là
s'arrête toute similitude avec un cours traditionnel. Nous n'exigeons pas que
les gens étudient les exposés; ils sont optionnels. En fait, ce que nous disons
par le biais de cette structure est que nous, les auteurs du cours, étudierons
ce matériel. Et nous invitons les gens à participer.
L'aspect
important d'un cours connectiviste n'est pas le contenu du cours. Il y a bien
entendu un certain contenu -- il est impossible d'avoir une conversation sans
contenu -- mais le contenu n'est pas l'élément important. Il sert simplement de
catalyseur, un mécanisme pour mettre en œuvre nos projets, les discussions et
les interactions. Il peut être utile pour certaines personnes, mais ce n'est
pas le produit final, et nous ne voulons certainement pas que les gens l’apprennent
par cœur.
Permettez-moi
d'expliquer pourquoi nous retenons cette approche.
[slide 8 –
neuronsk
Nous
soutenons que les connaissances sont distribuées à travers un réseau de
connexions et, par conséquent, que l'apprentissage consiste en la capacité de construire
et de traverser ces réseaux. Les connaissances ne sont donc pas acquises, comme
s'il s'agissait de choses inertes. Elles ne sont pas transmises, comme s'il
s'agissait d'un mode de communication. Vous ne pouvez faire la « promotion » d'une chose simplement
en assemblant des trousses de cours et en les distribuant au monde entier.
Les choses
que nous apprenons et les choses que nous connaissons sont littéralement les
connexions que nous formons entre les neurones en fonction de l'expérience. Le
cerveau est composé de 100 milliards de neurones qui forment quelque 100
billions de connexions, et ce sont ces connexions qui constituent tout ce que
nous connaissons, tout ce que nous croyons et tout ce que nous imaginons.
Et, bien
qu'il soit pratique de parler comme si les connaissances et les croyances sont
composées de phrases et de concepts que l'on acquiert et mémorise, en quelque
sorte, il est plus exact -- et plus utile sur le plan pédagogique -- de traiter
l'apprentissage comme la formation de connexions.
Du point de
vue du cours, cela signifie que le fait de suivre le cours est en soi beaucoup
plus important que le contenu appris par les participants durant le cours. Le
concept d'un cours connectiviste est que l'apprenant est immergé dans une
communauté de praticiens et initié à des façons de faire ce que font les
praticiens et, par cette pratique, il devient plus semblable aux membres de
cette communauté par ses actes, ses pensées et ses valeurs. Pour apprendre la
physique, en d'autres mots, vous vous joignez à une communauté de physiciens,
vous pratiquez la physique et vous comportez ainsi comme un physicien.
[slide 9 –
language]
C'est comme
l'apprentissage d'une langue. Il est possible d'apprendre une langue en théorie, en étudiant des livres, comme
une personne étudierait le latin. Toutefois, pour apprendre parfaitement une
langue, il est essentiel de se plonger dans les activités quotidiennes et la
culture des gens qui la parlent.
Encore là, il
est tentant d'affirmer que les gens apprennent certaines choses lorsqu'ils
apprennent une langue, qu'il existe un certain contenu essentiel pour parler
cette langue. Le sens des mots, par
exemple, ou encore la conjugaison des verbes. Cela est toutefois faux et
trompeur.
Les
définitions des dictionnaires et la conjugaison des verbes sont, au mieux, une
abstraction de l'ensemble beaucoup plus complexe des pratiques, des attitudes
et des croyances communes chez les physiciens. Puisqu'il s'agit d'une
abstraction, une telle description ne peut être exacte, et pourrait même
induire les gens en erreur quant à la définition réelle d'un physicien.
Une
personne qui ne fait que connaître le contenu soi-disant enseigné et faisant
l'objet d'évaluations à une académie de langue auraient nettement l'impression
de ne pas être à sa place dans un rassemblement de physiciens. C'est comme si elle
connaissait les paroles sans connaître la musique.
Un cours
connectiviste devient donc une communauté d'éducateurs qui tentent d'apprendre
comment ils apprennent, dans le but de leur permettre d'aider d'autres
personnes à apprendre. Nous sommes tous des éducateurs, qui créent et
promeuvent la pratique (connectiviste) de l'éducation en la pratiquant
réellement.
En
pratique, l'enseignement et l'apprentissage connectivistes comprennent quatre
activités principales (n'oubliez pas qu'il ne s'agit que d'une abstraction, et
non d'une définition; un simple point de départ, et non un « contenu » à mémoriser) :
[slide 10 -
aggregate]
Agrégation - le but d'offrir un cours est de fournir un
point de départ, d'offrir de diverses choses à lire, à visionner ou avec
lesquelles s'amuser. Beaucoup de contenu est associé au cours, depuis les
instructions relativement simples, aux arguments et aux discussions, jusqu'aux
entretiens de haut niveau avec des experts dans le domaine.
Le cours
est composé non seulement de lectures recommandées, mais également d'articles,
de vidéos et d'enregistrements réalisés par les animateurs du cours, des
billets de blogue, de vidéos et d'autres enregistrements réalisés par les
participants au cours, de micromessages recueillis sur Twitter, de signets de
Delicious, de billets de discussions, ou autres.
Ce que nous
avons constaté après avoir offert une demi-douzaine de MOOC est que nous devons
dire aux gens au début du cours de choisir ce qu'ils liront, ce qu'ils
visionneront et ce à quoi ils participeront. Nous devons continuellement
préciser qu'il n'existe aucun contenu central au cours, que chaque personne
crée sa propre perspective du matériel en sélectionnant ce qui lui semble être
important.
Encore une
fois, si nous établissons une comparaison avec l'apprentissage d'une langue,
c'est comme si nous disions à une personne de choisir parmi de vrais livres, de
vrais articles de journaux et de vraies conversations.
Du point de
vue du fournisseur du cours, ce qui est important est qu'il existe une vaste
gamme de ressources, ouvertes et accessibles gratuitement, qui peuvent être
utilisées par les participants au cours. Dans chaque cours, dans chaque
discipline, je recherche une vaste gamme de ressources, et j'encourage les
participants au cours à faire de même.
L'élément
principal ici est la diversité. Cela comprend la diversité de format : nous
voulons des textes, des vidéos, des animations, des jeux, des séminaires, ou
autres, puisque les gens préfèrent utiliser différents médias. Toutefois, cela
comprend également des langues et des perspectives différentes. Dans tout MOOC – et non simplement dans les MOOC
en français, il serait pertinent d'inclure des ressources en langue française.
Une des
choses que j'ai apprises en apprenant plus d'une langue est que chaque langue perçoit
le monde différemment et qu'elle représente le monde différemment.
[slide 11 –
remix]
Restructuration - la prochaine étape consiste à établir des
liens. L'objectif est d'associer le matériel (ou des parties du matériel)
ensemble, et avec le matériel provenant d'ailleurs.
Il existe
différentes façons d'associer du matériel -- généralement, nous cherchons
certains points communs, comme un terme, une référence, un sujet ou une
catégorie. Parfois, nous cherchons une correspondance, comme si une chose
découlait d'une autre. Il n'existe aucune règle d'association, et une partie de
l'apprentissage consiste à discerner ce qui va avec quoi.
L'élément
essentiel ici est d'encourager les gens à effectuer un suivi. Nous leur
recommandons de conserver des dossiers sur leurs ordinateurs de tous les
documents qu'ils ont consultés, peut-être avec des résumés ou des évaluations
du matériel. Ou mieux encore, ils peuvent conserver un dossier quelque part en
ligne. De cette façon, ils seront en mesure de partager leur contenu avec
d'autres personnes.
Dans le
cours, nous faisons des suggestions précises :
- Créez un
blogue avec Blogger. Visitez le site http://www.blogger.com et créez un nouveau
blogue. Ou, si vous avez déjà un blogue, vous pouvez utiliser votre blogue
existant. Vous pouvez également utiliser Wordpress (http://www.wordpress.com)
ou tout autre service de bloguage. Chaque fois que vous accédez à du contenu,
créez un nouveau blogue.
- Créez un
compte avec del.icio.us et créez une nouvelle entrée pour chaque élément de
contenu que vous consultez.
-
Participez à une discussion en ligne. Vous pouvez, par exemple, vous joindre à
un groupe Google et échanger des idées avec d'autres participants au cours, ou
utiliser le forum de discussion fourni dans l'environnement en ligne du cours.
- Envoyez
un Tweet au sujet du contenu dans Twitter. Si vous avez un compte Twitter,
diffusez quelque chose au sujet du contenu que vous avez consulté.
- Tout
autre service : vous pouvez utiliser tout autre service sur Internet -- Flickr,
Second Life, les groupes Yahoo, Facebook, YouTube, n'importe quoi! Utilisez vos
comptes existants si vous le désirez ou créez un nouveau compte spécialement
pour ce cours. Le choix vous appartient.
Ce que nous
encourageons particulièrement ici est un mélange de cultures différentes. Nous
ne cherchons pas à créer une fusion, mais à mettre en évidence la perspective
unique offerte par chacune. Vous pouvez constater ici qu'un MOOC idéal nécessite la participation de sociétés
différentes et de groupes linguistiques différents.
Les gens
demandent souvent s'il existe des MOOC en langue française et des ressources
d'apprentissage en langue française, et la question mérite d'être soulevée.
Cependant, je crois que la question la plus pertinente consiste à déterminer
s'il existe une culture de langue
française associée aux cours existants.
Nous
l'avons constaté dans nos MOOC connectivistes par le biais des activités de la
communauté hispanophone, les « connectvistas », qui
organisent leurs propres événements, dans leur propre langue, en ligne et hors
ligne, autour de notre cours ouvert en ligne. Leur perspective est devenue une partie importante de notre cours en
ligne, et les idées et la culture hispanophones sont devenues parties intégrantes
du contenu lui-même.
[slide 12 –
repurpose]
Adaptation - nous ne voulons pas que les participants
répètent simplement ce que d'autres personnes ont dit. Apprendre n'est pas
simplement un processus de réception et de filtrage. Il est important de créer
quelque chose et de participer activement à la discipline.
Il s'agit
probablement de la partie la plus difficile du processus et ce n'est pas tout
le monde qui participera à ce niveau (nous rappelons aux participants qu'ils
retirent du cours ce qu'ils y contribuent; c'est n'est pas de la magie).
Toutefois,
ce qu'il est importe de retenir est que la créativité ne part pas de zéro. Il
existe un mythe voulant que l'on fixe une feuille de papier vierge et que les
idées nous viennent spontanément à l'esprit. Mais ce n'est qu'un mythe.
Personne ne crée quelque chose à partir de rien. C'est pourquoi cette section
est appelée « adaptation » et non « création ».
Le matériel
qui a été agrégé et restructuré en ligne représente la structure qui peut être
utilisée pour composer des idées nouvelles et une nouvelle compréhension du
matériel. Quelles idées? Quelle compréhension? C'est ce que nous créons dans le
cours.
L'adaptation
est parfois un processus de traduction
– prendre une idée d'une culture et la représenter selon les formes et les
idiomes d'une autre culture. Cela peut être aussi simple que de traduire un
bloc de texte en image, ou aussi difficile que de représenter une idée complexe
dans une autre langue.
Une des
raisons pour lesquelles je présente cette conférence en français est pour
apprendre le français et ce processus (il s'agit de ma quatrième présentation
en français) m’en a appris plus que des années d'enseignement. Une autre raison
pour laquelle je présente cette conférence en français est pour en apprendre
davantage sur le thème de la présentation.
Si vous
croyez que cette théorie de l'éducation n'est pas vraiment nouvelle, vous avez
raison. Elle est vieille. Elle constitue le noyau du concept que nous appelons
maintenant « formation en apprentissage
» et elle a récemment été formellement décrite comme « constructivisme » par des gens
comme Seymour Papert.
Ce n'est
pas un raccourci. Les gens apprennent par la pratique, et cette pratique forme
donc le noyau de la pédagogie connectiviste.
[slide 13 –
feed forward]
Circulation de l'information - Nous voulons que les participants
partagent leur travail avec les autres participants du cours, et avec le monde
entier. Précisons que les participants ne sont pas obligés de partager. Ils peuvent travailler de manière complètement
autonome, sans montrer quoi que ce soit à personne. Ils seront toujours libres
de choisir s'ils veulent partager ou non.
Comme nous
le savons, il est plus difficile de partager en public. Les gens peuvent voir
vos erreurs. Les gens peuvent vous voir essayer des choses avec lesquelles vous
n'êtes pas à l'aise. C'est difficile, et c'est parfois embarrassant.
C'est
toutefois mieux. Vous redoublerez d'efforts. Vous penserez plus à ce que vous
faites. Et vous en tirerez une plus grande satisfaction -- les gens verront ce
que vous avez créé et apporteront leurs commentaires. Ils seront parfois
critiques mais, le plus souvent, ils offriront leur appui, leur aide et leurs
éloges.
Mais cela
aidera surtout aux autres à comprendre le processus d'apprentissage et non
seulement le résultat final peaufiné. Mon ambition à parler le français en
public a été motivée par un discours prononcé par Doug McLeod lors d'une
conférence nationale sur les réseaux d'apprentissage. J'ai réalisé qu'une telle
action pouvait être une étape importante pour la maîtrise d'une nouvelle
compétence.
Vous savez
ce qui suit, je n'ai pas besoin de vous le répéter, mais je le ferai tout de
même : lorsque vous parlez ou que vous écrivez dans votre propre langue, dans
un domaine public, à propos d'un sujet ou d'une discipline, vous semblez dire :
« ma langue
englobe cette discipline ».
Il n'existe
pas simplement une culture française, un point c'est tout. Il existe une
culture française qui englobe la physique, la chimie, l'économie et même (je
suis désolé de le dire) la science politique. Mais surtout, on doit préciser
qu'une partie des domaines de la
physique, de la chimie et de la science politique est formée par, et informée
par, la culture française.
Les
philosophes ne le savent que trop bien. Pouvez-vous imaginer la philosophie
sans les contributions de Descartes, Pascal, Camus, Sartre et Derrida?
Pouvez-vous imaginer la philosophie sans l'influence de la langue sur leurs contributions?
L'objectif d'un MOOC
[slide 14 –
purpose]
Permettez-moi
de revenir à l'idée d'utiliser les cours en ligne ouverts et massifs pour
promouvoir la langue française et la
culture.
Il existe
un défi intrinsèque à l'idée de dire que l'objectif d'un MOOC est de promouvoir
la culture ou que l'objectif d'un MOOC est de promouvoir une certaine idée ou
un certain concept. Il se rapproche de l'idée que l'objectif d'un MOOC est
d'aider une personne à apprendre. Il s'agit, après tout, d'un cours. Toutefois,
les objectifs ne sont jamais aussi transparents.
Les
organisations ont de nombreux motifs lorsqu'elles offrent des MOOC. Coursera,
par exemple, pourrait vouloir appuyer l'apprentissage, mais il s'agit également
d'une entreprise qui désire faire de l'argent. Une organisation culturelle peut
vouloir promouvoir une idée, mais elle a également des besoins financiers, et
elle cherchera bientôt des modèles commerciaux pour maintenir son cours en
ligne.
Les
organisations offrent des MOOC afin de réaliser d'autres objectifs. Cole Camplese
de Penn State parle d' « offrir de l'éducation et de l'expérimentation. » Keith Devlin fait
référence à « la vraie démocratisation de l'éducation supérieure à l'échelle
mondiale. »
Toutefois,
les gens ne suivent pas un MOOC afin de réaliser les objectifs du fournisseur
du MOOC. Une personne ne s'inscrit pas à un cours de Coursera puisqu'elle
désire que Coursera fasse de l'argent. Pas plus qu'un étudiant ne s'inscrit à
Penn State pour donner aux professeurs la chance d’expérimenter sur lui.
[slide 15 –
learning]
Il est
tentant d'affirmer qu'une personne suit un cours pour apprendre quelque chose.
Toutefois, même cette affirmation peut être trompeuse. Considérez ce que les
fondateurs de Coursera disent au sujet de la plupart des étudiants qui
s'inscrivent : « Leur objectif est d'explorer, de découvrir quelque chose au sujet du
contenu, et de passer à autre chose », de dire Daphne Koller.
L'ajout de
droits de scolarité change la dynamique, tout comme l'ajout d'un titre de
compétences à la fin du cours. Coursera a appris qu'elle peut gagner de
l'argent en facturant pour les services d'authentification, ce qui répond à la
fois à son besoin de faire de l'argent et au besoin de l'étudiant d'obtenir un
certificat (bien que ce soit au détriment de ne plus être gratuit et ouvert).
Plusieurs
étudiants laisseraient complètement le cours de côté et passeraient tout de
suite à l'obtention du titre de compétences, comme ils le font lorsqu'ils
achètent un diplôme d'un moulin à diplômes.
Après
réflexion, il devient évident que les MOOC répondent à plusieurs objectifs,
tant pour ceux qui offrent les MOOC, ceux qui offrent des services, et ceux qui
s'inscrivent ou qui, d'une façon quelconque, « suivent » un MOOC.
[slide 16 –
connectivism]
Le MOOC
d'origine que j'ai offert avec George Siemens avait un objectif très simple au
départ : nous expliquer. Le sujet de « connectivisme », qui était le sujet de la
conférence en ligne mentionnée plus tôt, était devenu largement répandu et
faisait pourtant l'objet de nombreux débats. De quoi s'agissait-il? Était-ce
une théorie? S'appliquait-il à l'éducation? Était-il fondé sur de vraies
recherches, ou était-il simplement inventé de toutes pièces? Nous croyions
avoir de bonnes réponses à ces questions et le programme d’apprentissage était
conçu pour mener les étudiants (et nous-mêmes!) à l'aide de réponses claires et
précises à ces questions.
Lorsque
nous avons commencé à élaborer le cours (et, en particulier, lorsque j'ai
commencé à utiliser l'application gRSShopper que j'avais conçue pour appuyer
mon site Web et mon bulletin), il est devenu évident pour nous deux que
l'objectif du cours était également de servir d'exemple pour le connectivisme
en pratique.
Après
plusieurs années passées à décrire la théorie, nous avons commencé à ressentir
l'obligation de la démontrer de façon pratique. Par conséquent, la conception
du cours a progressivement commencé à ressembler de moins en moins à un cours
traditionnel, et plus à un réseau, incluant une vaste gamme de ressources
reliées entre elles et aux participants. De plus, le cours est devenu moins axé
sur l'acquisition de contenu ou de compétences et beaucoup plus sur
l'établissement de ces liens, et les leçons tirées de ce qui en est ressorti.
[slide 17 –
participants]
Les
participants à nos MOOC ont également démontré un éventail de motivations
semblables.
Plusieurs
participants ont suivi le cours pour les occasions de recherche offertes (et
des personnes comme Jenny Mackness, Frances Bell et Sui Fai John Mak sont
devenues des voix respectées dans le domaine).
D'autres
ont participé avec l'intention d'en apprendre davantage sur le connectivisme,
pour terminer leurs études existantes dans un programme de maîtrise ou de
doctorat.
D'autres se
sont joints à nous pour participer à ce qu'ils considéraient comme un
événement, d'autres pour établir des liens et élargir leur réseau social (ou,
comme on l'a appelé plus tard, leur « réseau d'apprentissage personnel »).
Au moins
une personne (et peut-être d'autres) a participé avec l'intention de
discréditer le connectivisme (et, en passant, nous a appelés George et moi, des
«
techno-communistes »).
Même si
nous concentrons nos efforts sur ce qui est soi-disant la fonction primaire
d'un cours, c'est-à-dire d'enseigner, il devient difficile d'identifier
l'objectif d'un MOOC.
On a
beaucoup fait mention des taux d'achèvement des MOOC, avec la suggestion que
l'achèvement est, à certains égards, synonyme d'apprentissage. Toutefois, on
pourrait débattre que le fait de permettre à une personne d'avoir un aperçu du
cours et de l'abandonner sans avoir perdu des milliers de dollars en droits de
scolarité est une réussite en soi.
Par
ailleurs, des personnes différentes désirent apprendre des choses différentes :
certaines désirent savoir ce qu'est le connectivisme, certaines, comment le
critiquer, et d'autres, s'il est utile à leur propre expérience.
[slide 18 –
learning]
Il existe
également plusieurs significations de l'apprentissage.
Dans un
sens, « apprendre » est l'acquisition de connaissances ou de compétences, et
c'est ce sens de l'apprentissage qui est le plus souvent associé à l'éducation
et, plus particulièrement, à l'éducation formelle.
Il existe
toutefois un sens valide de l'apprentissage, où l'objectif vise à atteindre un
certain résultat ou à exécuter une tâche, ce que Rogers (2006) appelle « l'apprentissage axé sur les tâches
». Ce type de résultat axé sur les tâches est beaucoup plus commun dans
l'apprentissage informel; c'est le type d'apprentissage que je choisis, par
exemple, lorsque je me plonge dans le débordement de pile pour apprendre
comment régler la valeur d'un champ avant de soumettre un formulaire Ajax.
[slide 19 –
properties]
Il devient
évident que nous ne pouvons accéder à l'objectif d'un MOOC en accédant aux
raisons et aux motivations des gens qui le suivent, ni d'ailleurs en accédant
aux raisons et aux motivations de ceux qui l'offrent.
Tout ce
qu'on peut dire de l'objectif est qu'il est basé sur l'idée de créer un MOOC.
Il repose sur l'idée de créer un cours en ligne ouvert conçu de sorte à appuyer
une communauté d'apprentissage importante (ou même massive).
Ainsi, ce
sont les propriétés d'un MOOC, et non
le contenu en soi, qui en valent la création.
Nous ne
créons pas un MOOC pour envoyer un
message; le MOOC est le message. Par
conséquent, nous nous ne créerions pas un MOOC, par exemple, dans le but
d'appuyer une culture ou une communauté.
Un MOOC
peut être un très bon ou très mauvais appareil de RP, il peut transmettre du
contenu très bien ou très mal, peut faire progresser la recherche de beaucoup
ou pas du tout, selon la personne qui l'utilise, la façon qu'elle l'utilise, et
les raisons.
Le MOOC en tant que communauté
[slide 20 –
habits]
Comme une
langue représente plus que des mots et des phrases, et une culture représente
plus que des vêtements et des danses, l'éducation n'est pas simplement
l'acquisition de nouveaux renseignements et de nouvelles compétences.
Pour
devenir éduqué dans une discipline, on doit apprendre les habitudes, les
routines et les modes de pensée propres à cette discipline.
Bien que
nous apprenions ce que nous apprenons par l'expérience personnelle, nous
apprenons généralement ce que nous apprenons d'autres personnes.
Par
conséquent, l'apprentissage est une activité sociale, où nous nous plongeons
dans ce qu'Etienne Wenger appelle une communauté de pratique (Wenger,
Communities of Practice: Learning, meaning and identity, 1999), nous apprenons
ce que Michael Polanyi appelle les connaissances tacites (Polanyi, 1962), et
nous sommes en mesure de résoudre, comme l'a résumé Thomas Kuhn, les problèmes
à la fin du chapitre. (Kuhn, 1962)
[slide 21 –
social (record)]
L'apprentissage
est une activité sociale, et c'est pourquoi l'image de l'apprentissage où
chaque personne étudie à partir de son foyer, appuyée d'un ordinateur personnel
et d'un visiophone de bureau, est fausse.
Il y a
certes place à l'étude à domicile, mais les gens, et particulièrement les
enfants, ont également besoin d'une communauté. C'est pour cette raison que les
MOOC de l'avenir mettront l'accent sur la communauté beaucoup plus qu'on peut
l'imaginer aujourd'hui.
C'est la
création de cette communauté, plutôt que la conservation ou la transmission de
tout type de contenu, qui constitue l'activité principale d'un MOOC. Le contenu
est ce qu'on appelle le « McGuffin » – il s'agit d'un objet
d'intérêt, qui attire notre attention, mais qui pourrait être n'importe quoi.
Pour notre discussion,
il est pertinent de mettre l'accent sur deux principaux types de communautés de
grande importance pour les MOOC. Les deux sont pertinentes pour les MOOC, mais
de façons très différentes. L'une est la « communauté en ligne », alors que
l'autre est la « communauté de pairs ».
[slide 22 –
online community]
La communauté en ligne est ce que nous
pourrions appeler une communauté basée sur les intérêts. Elle est formée autour
d'un sujet, d'une profession ou d'un domaine. Elle est semblable aux « communautés de pratique » d'Etienne
Wenger, bien que je croie que ma propre définition du concept est peut-être
plus large que celle de Wenger.
Les
communautés basées sur les intérêts sont des regroupements de personnes qui,
bien qu'elles soient géographiquement dispersées, partagent un emplacement
commun sur Internet. Cet emplacement est créé et défini par les intérêts
partagés des membres.
Autrement
dit, cet intérêt partagé pourrait être lié à un intérêt hors ligne. En fait, la
plupart d'entre eux le sont. Les communautés en ligne se forment donc autour
d'activités hors ligne comme le hockey ou le baseball, les activités courantes
comme les affaires ou la biologie, autour des passe-temps et de l'artisanat, et
même autour d'une ville, d'un village ou d'une école secondaire.
Nous les
voyons partout. Les jardiniers se rencontrent sur gardenweb. Les technophiles
se rencontrent sur Wired. Les technologues de l'éducation ont élu domicile dans
le groupe Google+ Ed Tech. Partout sur Internet, des milliers de communautés
traitant d'un sujet en particulier ont été formées, certaines autour de sites
Web, certaines dans des services de médias sociaux, et d'autres en utilisant
des outils comme WordPress ou Skype.
Étant donné
l'accent mis aujourd'hui sur les MOOC et les sites de réseautage social (comme
Facebook et Google+), la discussion de communauté en soi a été reléguée au second plan. Cela ressemble peut-être à la
façon dont les réseaux communautaires correspondants ont été engloutis et
rendus anonymes par les services commerciaux de marque.
Les
éducateurs en ligne se verront développer des communautés basées sur les
intérêts, qu'ils aient l'intention de le faire ou non, puisque les
caractéristiques nécessaires à la création d'une communauté en ligne basée sur
un sujet sont présentes dans la structure de presque tous les cours en ligne.
Afin de
créer une communauté en ligne, il suffit à une personne d'avoir un sujet, un
groupe de personnes géographiquement dispersées intéressées à ce sujet, et un
moyen de communication partagé, comme une liste de discussion ou un bavardoir.
Ce qui
changera à l'avenir est que les éducateurs en ligne apprendront comment mieux
favoriser le développement et répondre aux besoins des communautés en
ligne. Ils voudront le faire puisque,
plus grand sera leur dévouement envers la communauté, plus grand sera le
dévouement envers l'apprentissage, puisque l'apprentissage est l'expérience
partagée qui définit cette communauté.
Voilà ce
qu'apporte le connectivisme. Voilà ce qu'apportent les MOOC.
[slide 23 –
community of practice]
Les
facteurs qui contribuent au succès d'une communauté en ligne sont connus dans
une certaine mesure. Cependant, cela dit, beaucoup plus de données empiriques
doivent être recueillies. Mais en général, l'une des choses les plus
importantes est l'appropriation. Je veux dire par là que les membres de la
communauté jouent un rôle clé à former la communauté. Puisqu'une communauté
n'est pas un moyen de diffusion.
Il ne
s'agit pas d'un endroit où l'organisateur offre du matériel que les membres
consomment. Il s'agit d'un environnement partagé et construit, où les membres
ainsi que les organisateurs jouent des rôles presque égaux dans la création du
contenu.
La
caractérisation de Wenger est révélatrice. Des communautés se forment autour
d'un sujet d'intérêt – le « domaine ». Elles participent aux activités communautaires – comme il le
dit, « les membres participent aux discussions et aux activités communes,
s'entraident et partagent de l'information.» De plus, ils partagent une
pratique – un répertoire de ressources, un vocabulaire, des histoires communes,
des méthodologies communes, des façons communes d'aborder un problème. (Wenger,
Communities of practice: a brief introduction, 2004)
L'apprentissage
dans la communauté de pratique prend la forme de ce qu'on pourrait appeler
des « activités de perfectionnement
professionnel entre pairs ». Contrairement à un apprentissage formel, les
membres s'aideront directement. Nous avons découvert ce type d'apprentissage en
Alberta lorsque nous avons étudié comment apprenaient les administrateurs des
villes : nous avons découvert qu'ils se téléphonaient. (Stefanick & Lesage
Jr., 2005)
Dans un
contexte éducatif, cela signifie qu'une grande partie de l'enseignement - et du
matériel d'enseignement - seront construits par les étudiants eux-mêmes. Nous
commençons à le constater avec l'utilisation des listes de discussion dans les
cours en ligne, mais également dans la création de pages Web basées sur un
sujet (et d'autres ressources).
Les MOOC –
du moins la façon dont nous créons les MOOC – s'inspirent de ceci. Le MOOC est
pour nous un outil créé afin de relier entre elles ces voix distribuées, et non
pour créer une communauté, ni pour créer une culture, mais pour créer un
endroit où la communauté et la culture peuvent s'épanouir.
[slide 24 –
community]
Par contre,
la communauté de pairs, presque par
définition, ne peut être formée sur Internet. Ces communautés sont formées dans
nos collectivités, à l'église, dans les écoles, au centre communautaire, à la
taverne ou à l'épicerie.
Elles
existeront car les gens ont besoin d'une tape dans le dos, d'une épaule
(physique) sur laquelle s'appuyer, d'un compagnon d'alcool, d'un adversaire
pour jouer au squash, de quelqu'un dont la présence physique, pour une raison
quelconque, est importante.
Et elles
ont besoin d'un environnement physique. Il peut s'agit d'installations
sportives, une boutique d'art industriel, un gymnase, un terrain de golf, ou
même un simple terrain avec quatre bases et une balle ou une surface de glace
et une rondelle.
Elles sont
d'abord créées en raison de la proximité et composées de personnes qui habitent
dans le même quartier ou qui fréquentent la même école. À plus long terme, nous
pourrions dire que ce sont des personnes qui se sont rencontrées par pur hasard
et qui ont découvert une affinité commune.
[slide 25 –
playing]
Bien que
les communautés en ligne dépendent d'un sujet ou d'un domaine d'intérêt pour
exister, ce n'est pas le cas des communautés de pairs; même si les membres
partagent un intérêt pour les sports ou la science, c'est la proximité physique
qui fait en sorte que la communauté existe.
Alors que
les communautés en ligne sont basées sur un sujet, les communautés de pairs
sont basées sur une activité. Une communauté en ligne peut se réunir pour
parler de hockey, alors qu'une communauté de pairs se réunira pour jouer du
hockey. Une communauté en ligne peut être composée de vos amis. Une communauté
de pairs est composée de vos voisins.
Cela crée
une plus grande diversité parmi les membres. Une personne pourrait être
scientifique alors qu'une autre pourrait être artiste. Alors que les
communautés en ligne sont composées de membres géographiquement dispersés, les
communautés d'apprentissage par les pairs existent dans un endroit géographique
précis.
Une
communauté d'apprentissage par les pairs est un groupe de personnes qui
fréquentent un centre d'apprentissage ou une école en particulier. Les
personnes deviennent des membres de la communauté puisqu'ils partagent un
emplacement, un lieu de travail, une culture, une religion ou une langue ainsi
que des expériences d'apprentissage en ligne.
Par
exemple, alors que les membres d'une communauté basée sur un sujet discuteront
d'une certaine monographie ou d'un expert en la matière, les membres d'une
communauté d'apprentissage par les pairs discuteront d'une certaine
institution, d'un logiciel d'interface ou d'événements communautaires.
Les
communautés d'apprentissage par les pairs sont essentielles à l'apprentissage
puisqu'elles fournissent un environnement sécuritaire dans lequel apprendre.
Une personne ne se sent pas seule sur Internet lorsqu'elle travaille avec une
communauté de personnes aux prises avec des problèmes et des défis semblables.
Bien que chaque personne puisse chercher à atteindre un objectif différent en
matière d'éducation, leur objectif global et leur moyen de déplacement est le
même et, par conséquent, elles s'offrent un soutien, un encouragement et un
réconfort mutuels.
[slide 26 –
philosophy]
Bien que
j'aie étudié la philosophie à l'université, comme de nombreux autres étudiants
universitaires, j'ai acquis ma véritable éducation grâce à l'interaction
sociale. Personnellement, c'est dans les bureaux du Gauntlet, le journal
étudiant, où j'ai passé plus de temps que dans les salles de classe.
Mon
interaction la plus directe avec les communautés d'apprentissage par les pairs,
en tant qu'éducateur, s'est produite lorsque je travaillais dans le Nord
canadien - au centre d'apprentissage de Fort St. John, au nord de la
Colombie-Britannique, ou au centre de recyclage, appuyé par la New Westminster
School Division. Le projet Sunrise, basé à Slave Lake, en Alberta. Ou encore,
les centres de formation South West Indian à Sioux Valley et Waywayseecappo,
dans les régions rurales du Manitoba.
C'est ce
genre de succès qui a été reproduit à travers le pays avec les points d'accès
communautaires. Ce projet a offert beaucoup plus qu'un simple accès Internet,
il a créé un emplacement commun pour les personnes intéressées par les
technologies et les ordinateurs (et par les blogues et Facebook).
Les gens
parlent de « communautés d'apprentissage » mais, à proprement parler, les « communautés d'apprentissage »
n'existent pas – sauf, peut-être, les créations artificielles et forcées des
établissements d'enseignement qui tentent d'entasser les classes dans des
collectifs, pour créer des relations interpersonnelles où il n'en existe pas
naturellement.
Les gens
apprennent plutôt en communautés, et ce qui ferait d'une communauté donnée une
communauté « d'apprentissage » ou autre, est le fait que les membres de la communauté
apprennent plus ou moins bien. Une contribution francophone comprendrait un
soutien pour la communauté en ligne ainsi qu'un soutien pour la communauté de
pairs.
[slide 27 –
grow (butterfly)]
Il devrait
être évident de nos jours que les communautés sont cultivées plutôt que
construites. Le partage et l'apprentissage ne peuvent être « créés par la loi » (Dube, Bourhis,
& Jacob, 2006). Le désir d'autonomie est indissociable des avantages perçus
d'apprendre et d'évoluer dans une communauté : la sûreté, la sécurité et la
confidentialité.
Dans le
domaine de l'apprentissage en particulier, une grande attention est accordée à
ce que les membres ont en commun, qui facilite la création d'une communauté –
que ce soit des besoins communs en matière d'éducation, un âge ou un milieu
commun, un ensemble de valeurs communes, ou mêmes des entités plus théoriques,
comme des approches, des domaines de discours ou des objets communs.
Toutefois,
la valeur d'une communauté, et particulièrement d'une communauté
d'apprentissage, vient de la diversité de cette communauté. Des étudiants se
rassemblent autour d'un instructeur précisément puisque ce dernier possède des
connaissances, des croyances et des opinions qui ne sont pas partagées par les
étudiants.
Ils se
réunissent ensemble car chacun d'entre eux vit des expériences uniques.
Promouvoir une communauté d'apprentissage relève autant de l'attention apportée
aux différences que de l'accent mis sur les similitudes.
Menaces et possibilités
[slide 28 –
global (fish)]
Il existe
des menaces et des possibilités dans ce modèle pour des groupes linguistiques
et culturels particuliers, comme la communauté francophone.
Les
établissements prestataires peuvent être situés n'importe où. Les MOOC
s'adressent à un auditoire international. Nous voyons déjà cette tendance
apparaître. Même aujourd'hui, je vois des annonces de cours affichés presque
tous les jours, sur des nouveaux MOOC plutôt que des cours offerts par des
universités individuelles ou par EdX ou Coursera. Il est maintenant possible de
suivre un cours sur pratiquement n'importe quel sujet, à partir de pratiquement
n'importe où dans le monde.
Le risque
est bien sûr le même que celui créé par tout média de masse, que la plus
importante culture finira par dominer les institutions sociales et politiques
en raison du nombre et de la prévalence sur les médias sociaux. Et c'est en
fait ce que nous avons constaté dans le cas des MOOC. La langue d'enseignement a été jusqu'à
récemment presque exclusivement l'anglais.
[slide 29 –
francophone]
L'un des
rares MOOC francophones, et probablement le mieux connu, était le MooC ITyPA (Internet : Tout Y est
Pour Apprendre) offert principalement par l'entremise de l’École Centrale de
Nantes (http://www.itypa.mooc.fr/node/29) et Thot Cursus (www.cursus.edu),
un site Web de langue française consacré à l'éducation et à la culture
numérique.
Un autre
MOOC récemment complété est « ABC Gestion de Projet ». http://www.educavox.fr/innovation/pedagogie/article/quatre-semaines-dans-un-mooc
L'École de
droit de la Sorbonne offre un MOOC appelé « Sorbonne droit » sur les mécanismes
d'organisation et l'exploitation des entreprises, un cours de six semaines qui
débutera en septembre. http://www.e-cavej.org/5/73/le-cavej-mooc-sorbonne-droit.html
La seule
université offrant présentement un MOOC en français par l'entremise de Coursera
est l'École polytechnique fédérale de Lausanne. Le cours initie les étudiants à
la programmation Java en français (www.coursera.org/epfl).
Avec mes
collègues de l'Université de Moncton, je participerai à la création d'un MOOC
de langue française sur les ressources éducatives ouvertes, qui sera offert en
collaboration avec l'OIF à l'automne prochain.
Les
communautés de pairs francophones impliquées dans les MOOC mondiaux s'assurent
que même dans les MOOC anglophones, une contribution et une communauté
francophones sont présentes. Toutefois, les étudiants potentiels se trouvent
face à une vase gamme de possibilités d'éducation en ligne ouvertes. Mon propre
site Web, mooc.ca, énumère des centaines, peut-être même des milliers de cours
en ligne ouverts.
À mon avis,
il n'est pas suffisant d'offrir des cours et des programmes de langue française
en ligne. La culture et la langue françaises devraient être présentes dans
toutes les communautés et tous les cours, même ceux qui sont essentiellement
anglophones.
[slide 30 –
mosaic]
Les MOOC
que j'ai conçus et élaborés avec George Siemens ont été spécialement conçus
pour favoriser la participation d'une mosaïque de cultures. D'autres MOOC plus
traditionnels rendent la participation plus difficile, mais la clé de la
participation à ces cours est de convertir
un cours statique unilingue en mode présentation, en une communauté multilingue
et multiculturelle en plein essor.
Nous
pouvons constater ceci dans d'autres cours en ligne par l'entremise de « Meetup ». Un bon exemple est le
groupe francophone de Denver http://www.meetup.com/The-Denver-Francophone-Group/, ou le club Meetup francophone
d'Austin http://www.meetup.com/austinfrenchlanguageclub/.
Cela semble
si simple. Que fait-on pour appuyez ces groupes? Quelles ressources sont
disponibles, quels cours en ligne sont offerts en français?
Pourquoi
est-ce important, particulièrement dans le contexte de promouvoir la langue et
la culture?
Il est
intéressant de souligner que les théoriciens des réseaux professionnels et
sociaux parlent des interactions d'un individu au sein de la communauté comme
un processus visant à construire, ou créer sa propre identité.
Wenger, par
exemple, écrit : « Avoir un sentiment d'appartenance est un aspect crucial de
l'apprentissage organisationnel. Prenons l'exemple de la chute annuelle de
l'ordinateur à une entreprise de semi-conducteurs qui fabrique des circuits
analogiques et numériques. La chute de l'ordinateur est devenue un rituel par
lequel la communauté analogique affirme son identité. Une fois par an, leur
héros monte au sommet du plus haut bâtiment du campus de l'entreprise et laisse
tomber un ordinateur, à la grande satisfaction de ses pairs du domaine
analogique. Le monde des affaires est rempli de ces manifestations d'identité,
qui s'observent dans le jargon utilisé par les gens, les vêtements qu'ils
portent et les remarques qu'ils formulent. » (Wenger, 1998)
[slide 31 –
identity]
En
parallèle, Danah Boyd, qui étudie la communauté sociale, écrit : « On peut constater l'effet visible
de la dynamique de la création de l'identité sur MySpace. Les profils sont des
corps numériques, des manifestations publiques de l'identité où les gens
peuvent explorer la désirabilité sociale. Puisque l'univers numérique exige que
les gens écrivent à leur sujet, les profils leur offrent l'occasion de parfaire
l'expression voulue au moyen de la langue, de l'imagerie et des médias. Une réaction
explicite à leur présence en ligne offre une rétroaction précieuse. L'objectif
est d'avoir l'air cool et d’être validé par ses pairs. Bien entendu, puisque
l'imagerie peut être modifiée, il est souvent difficile de dire si les photos
sont une représentation des comportements ou une représentation d'eux-mêmes. »
(boyd, 2006)
Dans ces
deux cas, nous constatons des aspects du même phénomène. Apprendre ne vise pas
à acquérir ou à accumuler, mais plutôt à développer ou à grandir. Le processus
d'apprentissage est un processus pour devenir soi-même, un processus pour
développer sa propre identité.
Nous avons
défini trois domaines d'apprentissage : l'apprenant individuel, la communauté
en ligne et la communauté de pairs.
Les
discussions récentes au sujet des MOOC ont porté presque exclusivement sur la
communauté en ligne, et il n'y a presque pas eu de discussion au sujet de
l'apprenant individuel et aucune discussion sur la communauté de pairs. À mon
avis, avec le temps, les trois éléments seront considérés comme étant tout
aussi importants.
À
l'université, je ne suis pas vraiment devenu philosophe, bien qu'il s'agisse de
mon éducation formelle, mais plutôt journaliste, la communauté à laquelle je
suis devenu membre.
[slide 32 –
immerse]
Les MOOC
sont des communautés dans lesquelles les apprenants peuvent se plonger et
donner naissance à quelque chose de nouveau. Des expériences passées suggèrent
qu'il s'agit là d'endroits où ils pourront créer et projeter – non pas des « jeux sérieux » mais des « communautés de mods », non pas des « groupes de lecture » mais des « fictions écrites par les fans », non
pas des « simulations d'enseignement » mais des « soirées LAN ».
Nous
pourrions également définir trois rôles principaux
de l'apprentissage en ligne : l'étudiant, l'instructeur et l'animateur. L' « instructeur » est la personne
responsable de la communauté en ligne, alors de l' « animateur » est la personne
responsable de la communauté de pairs.
Bien
entendu, l'« instructeur » et l'« animateur » sont abstraits. Nous les percevons comme des personnes
mais, en fait, ces rôles sont assumés par des équipes de personnes qui
travaillent ensemble pour orchestrer l'expérience de la communauté.
Faire
mention des « instructeurs étoiles » sans faire mention de la facilitation globale
est aussi dénudé de sens que si l'on parlait des « vedettes de cinéma » comme étant
l'industrie cinématographique toute entière, sans tenir compte des
réalisateurs, des caméramans, des distributeurs et des exploitants de salles de
cinéma.
L' « étoile » n'est qu'un autre McGuffin
– il importe peu, une simple sucrerie conçue pour séduire.
Dans
l'enseignement traditionnel, les deux communautés existent comme une seule
entité. Le même établissement qui conçoit les cours en ligne est également
l'établissement fréquenté par l'étudiant. Par exemple, si je dis suivre un
cours de l'Université de Calgary, cela signifie que le cours de formation est
offert par l'Université de Calgary et que c'est également cette dernière qui fournit
les locaux où je reçois l'enseignement.
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provider]
À l'avenir,
les établissements hôtes et prestataires seront de plus en plus des
établissements différents. Les services de courtage de formations en sont un
exemple. Le cours auquel je participe pourrait avoir été élaboré, et même
enseigné par, un instructeur de l'Université de Calgary, mais il est offert au
Red Deer College. Par conséquent, lorsque je suis le cours, j'utilise les
salles de classe, les ordinateurs et les installations de Red Deer, bien qu'il
s'agisse d'un cours de l'Université de Calgary.
Les récents
MOOC offerts par des entreprises comme Coursera et Udacity ont commercialisé
les services de courtage des cours. Ils prennent un cours offert par une
université et le rende accessible à d'autres établissements qui les présentent
dans des communautés de pairs sur le campus.
Il s'agit
bien entendu d'un modèle que la communauté K-12 utilise depuis un bon nombre
d'années. Il n'est pas rare de voir un seul cours enseigné à partir d'un seul
emplacement et offert à d'autres emplacements par vidéoconférence ou par
l'entremise d'environnements interactifs.
On pourrait
également s'attendre à ce que le même phénomène s'étende à la communauté
francophone, pour offrir un soutien local aux communautés francophones pour la
participation aux cours en ligne offerts dans diverses langues, à divers
endroits à travers le monde.
Les choses
changent. L'univers francophone considère le potentiel des MOOC. http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/19487/2013-annee-des-moocs-francais/
Nous
pouvons lire des articles de personnes comme Mario Asselin lançant une
invitation à l'apprentissage en ligne ouvert de langue française. http://quebec.huffingtonpost.ca/mario-asselin/gratuite-universite_b_2475352.html?just_reloaded=1
<
[slide 34 –
discourse]
Je poserais
toutefois une question tout aussi pertinente : où donc est la communauté
francophone elle-même? Où pourrai-je constater la contribution de la langue
française dans les domaines de la physique, de la philosophie, de la botanique
et de la science politique? Il ne sera pas suffisant de simplement rédiger du
contenu et d'offrir des cours. La place du français est au sein de ces
domaines, dans le discours et les discussions sur la scène mondiale.
Oui, le
contenu est les cours sont nécessaires. Mais ce qui est nécessaire plus que
tout est la participation de la communauté francophone au discours même, l'idée
que pour chaque cours en ligne, toute communauté en ligne, la culture et la
langue françaises y ont leur place, et font forcément partie de ce cours et de
cette communauté.
LES MOOC
ReplyDeleteJe soutiendrai que les MOOC nous offrent une nouvelle façon de comprendre l'apprentissage et, par conséquent, une nouvelle façon de comprendre certains types d'apprentissage, comme c'est le cas, par exemple, de l'apprentissage qui appuie la diversité linguistique et culturelle.
…« enseigner c'est modéliser et démontrer; apprendre, c'est pratiquer et réfléchir. »
Par conséquent, il nous faut un environnement qui soutienne au moins ces quatre éléments à grande échelle. En pratique, cela désigne un système conçu pour prévenir la création de goulots d'étranglement dans l'un ou l'autre des quatre attributs : le modelage, la démonstration, la pratique et la réflexion. Stephen Downes
Est-ce qu’on est pas en train d’assister a une nouvelle forme de mondialisation ?. Nous savons que la Mondialisation …, acceptée sans inventaire dans ses formes actuelles, constitue un risque majeur pour les identités faibles et les citoyennetés rétives ; elle peut, si on n'y prend garde, devenir une sorte d'uniformisation
idéologico-culturelle qui serait la négation de la diversité culturelle par quoi on reconnaît l'unité du genre humain. Postmoderne, la mondialisation telle qu'elle se donne à voir phénoménologiquement présente au moins trois aspects:
a) le triomphe du modèle anglo-saxon;
b) l'économie de marché et la démocratie formelles présentées comme les paradigmes irrécusables de notre siècle ;
c) l'effacement de la diversité culturelle. Ainsi, la mondialisation, malgré son analogie avec la civilisation de l'universel, risque, à terme, d'être plus un handicap qu'une chance réelle (1)
A mon avis au préalable, pour que les MOOC puissent connaître un succès encore plus fulgurant sans crées des inégalités entre les Etats, les responsables de ces cours en ligne doivent faire en sorte qu’il y ait une panoplie de cours un sujet proposée par chaque pays selon ses réalités. Ce qui permettra au bénéficiaire d’avoir une idée plus large du sujet en question, et par la diversité de réponse proposée pourra créer une réponse à ces difficultés.
(1)http://bca.ucad.sn/jspui/bitstream/01/132/1/Les_Enjeux_culturels_de_la_mondialisation .pdf